Petites lampées tropéziennes de La Rouillère aux Tablettes ...
Paris. « J'avais envie
d'acheter une belle propriété, ça aurait pu être en Sologne, mais comme j'aime le vin, je me suis tourné vers le vignoble »... Et voilà comment le Lillois Bertrand Letartre fit
l'acquisition du Domaine La
Rouillère, sur la presqu'île de Saint-Tropez. Suite de l'histoire: « J'avais une maison pas très loin et un jour, en
passant sur la route, entre Gassin et Ramatuelle, je vois "vignoble à vendre". Je téléphone au promoteur, j'y vais, je monte le petit chemin, je vois la petite cabane et les vignes en mauvais
état... C'était, certes, magnifique mais le prix complètement... délirant. Il m'a fallu attendre deux ans pour tomber d'accord
sur un prix sympa avec le propriétaire, un Allemand, mais c'était un peu compliqué, deux ans de plus ont été nécessaires pour conclure.» Depuis 1998, ce patron d'une grosse société du Nord,
spécialisée dans la prévention des maladies nosocomiales (les trucs qu'on attrape à l'hosto sans rien demander...), est donc « l'heureux » propriétaire de ce domaine de quarante hectares, cernant
une bastide. Il tient son nom d'un ruisseau dégringolant des collines de Gassin.
Invitation à goûter les vins l'autre jour à Paris, au restaurant Les Tablettes, la première table de
Jean-Louis Nomicos, lui aussi un homme du Sud. Grec et Marseillais. Ancien de chez Ducasse, de chez Lasserre et de la Grande Cascade, n'en jetez plus. Chef étoilé, il revendique une cuisine
méditerranéenne, riche en saveurs et en parfums de garrigue. Nous sommes dans une grande salle lumineuse, genre ventre de baleine (c'est Jonas qui m'a dit...) recouvert d'écailles métalliques. Au
menu, délicat mille-feuilles de foie gras et champignon (photo du haut) au citron confit (en confiture douce) ; bel œuf poché au potimaron ( en purée un peu liquide, délicate comme une peau de
bébé), émulsion de parmesan et truffe noire; exotique agneau de lait aux épices douces, légumes d'un couscous à l'huile d'argan. Et le dessert, pour les gourmandes, poires confites et brioches
croustillantes, sorbet citron vanille. Belle cuisine lumineuse - ce n'est parce qu'on est invité qu'il faut se priver de faire des compliments quand on aime.
Les vins ... De Saint-Trop' ! BB, coquillages et crustacés, petites sandales, yachts, partouzes, pardon, soirées chic-choc sur le sable chaud et sous
la lune, le champagne qui coule à flots. Et le rosé aussi. Il se boit, qu'on me raconte, dans des verres d'une grande contenance, avec des glaçons, et jusqu'à plus soif... Et bien sur ce coup,
avec cette Grande Réserve 2011, franchement, les glaçons, ce serait dommage. On nous l'a proposé en magnum, à l'apéritif
et sur le dessert. La très élégante bouteille carrée, met en valeur la robe éclatante d'un vin charmeur, fleuri, croquant, vif, tout en finesse. Pour l'assemblage, 20% de cinsault, 60% de
grenache, le reste en syrah et mourvèdre. Le blanc de la Grande Réserve 2010, sur l'œuf, est l'enfant d'un joli mariage entre le sémillon (40%) et le rolle, pour le gras. Le nez, explosif, encore
bien marqué par le bois neuf, balance rapidement dans l'exotisme, mais avec élégance, et s'épanouit sur une belle persistance. Enfin, la Grande Réserve rouge 2009, parfait pour l'agneau, grenache
(25%), syrah (30%) et cabernet sauvignon, développe un nez de bois fraîchement travaillé (il a passé quinze mois en barrique), puis des notes torréfiées et de cacao. S'il vous plaît, un autre
verre en guise de café ...
Et je suis reparti sous le ciel de Paris, aussi bleu ce jour-là que celui de Saint-Trop'. Des images de bikinis et de grands verres de rosé dans la tête... Comme le chantaient les Négresses Vertes, Voilà l'été...
Les petites lampées reviennent bientôt...