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Aux fous !

Buveur, mangeur, cuisineur, voyageur, randonneur, jardineur, peinturlureur, champignonneur, pêcheur. À mes heures ... 

Je partage ici mes coups de cœur et mes découvertes avec d'autres Fous de vin que j'invite à répondre à mon petit questionnaire. 

Prenez contact.

Alain Fourgeot. 

PS. L'abus d'alcool est dangereux, à consommer avec modération. 

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Publié par Alain Fourgeot

Un Hexagone et un Mas de la Dame à petites mais bonnes lampées ...

Paris. Le journalisme mène à tout à condition d'en sortir, a-t-on coutume de dire, et les sœurs Faye en sont sorties. Pour devenir vigneronnes. Anne (Poniatowski) écrivait sur l'économie et la finance, notamment à Challenges. Caroline (Missoffe) sur la mode, notamment au magazine Vogue. Il y a vingt ans, en 1995, elles ont laissé derrière elles leur vie parisienne et l'ambiance des salles de rédactions pour le calme et la beauté sauvage des vignobles des Baux-de-Provence. Et, à grands sauts de TGV, pendant plusieurs années, partagé leur vie entre les chais et Paris, avant de s'installer définitivement sous le soleil de Provence.

Deux femmes pour un Mas de la Dame. Un domaine de cinquante-sept hectares, d'un seul tenant, dont cinquante en production, créé par l'arrière-grand-père d'Anne et Caroline, Auguste Faye, tombé en pâmoison, au début du siècle dernier, devant un vieux mas noyé dans les vignes, au flanc des rochers blancs des Baux. Van Gogh en avait peint la façade en 1889 ( Un mas sur la route de Saint-Rémy). Grand-papy Auguste, lui, ne peignait pas mais chassait et réunissait ici quelques fines gâchettes. Avant que son fils, Robert, ne décide de restaurer la bâtisse et de baptiser le domaine le Mas de la Dame, en souvenir d'Hélène Hugolène, la Dame de Fos, propriétaire du lieu au XVème siècle. C'est Robert qui planta les premières vignes et des oliviers, persuadé que ce terroir était une aubaine et que l'avenir ne pouvait être qu'aussi radieux que le ciel d'azur. En 1956, les vins de Baux deviennent des VDQS puis, en 1995, ils passent en AOC.

Un Hexagone et un Mas de la Dame à petites mais bonnes lampées ...

La même année, donc, Anne et Caroline décident de reprendre en main le domaine confié au régisseur après la mort de leur père. Anne gèrera le commercial, Caroline retournera sur les bancs de l'école pour prendre des cours d'œnologie et sera sur le terrain. Elles seront vigneronnes. « Sœurs de sang et sœurs de vignes ».

Et aujourd'hui, vingt ans plus tard, le Mas de la Dame sort quelque 200.000 bouteilles. « Les vignes sont cultivées en bio, certification Ecocert, sans insecticide, sans désherbant », précise Caroline. « C'est parce que nous protégeons notre environnement que sa typicité ressort dans nos vins, explique Anne, cela lui permet d'être bon avant d'être bio.» Les cinquante hectares sont divisés en parcelles, cernées par des oliviers et de la garrigue, voire de la pinède. Tous les cépages méridionaux sont là, grenache, syrah, cabernet sauvignon, mourvèdre, cinsault, pour les rouges et les rosés; sémillon, clairette, rolle, grenache blanc, roussanne pour les blancs... Tous les vins sont en AOC Baux-de-Provence, sauf une cuvée en blanc, proposée en IGP Alpilles, le sémillon ne faisant pas partie des cépages autorisés. « Depuis quelques années, nous avons baissé les rendements, entre trente et trente-cinq hectos, les fûts de chêne remplacent les vieux foudres et la multiplication des petites cuves permet d'affiner les assemblages », poursuit Anne Poniatovski. Ainsi sont nées Coin Caché, Le Vallon des Amants, puis l'Infernal. Venues rejoindre la Gourmande, la Réserve et la Stèle. « A chacune son histoire ... »

Pour nous les raconter, Anne et et Caroline avaient choisi un tout nouveau restaurant parisien, l'Hexagone, la seconde table déjà très courue de Mathieu Pacaud, par ailleurs triplement étoilé à l'Ambroisie avec son papa... Joli déjeuner autour duquel je vous laisse à vos rêves : langoustine légumes racines en linguine, mousseline de chou-fleur, fine gelée de badiane; suprême de volaille de Bresse, condiments d'une diable, bulles d'échalote, cerfeuil tubéreux; selle d'agneau de lait de Lozère, croustillant de noix, méli-mélo d'herbes et de fleurs; ganache bayano Brésil, glace miel, croquant noisette, sarrasin glacé et soufflé. « Que du bonheur ! » ...

Un Hexagone et un Mas de la Dame à petites mais bonnes lampées ...

Et les vins ? A bonnes lampées...
- À l'apéritif : rosé Mas 2014 (grenache, syrah, cabernet sauvignon), tendre et plein de fruit; et le blanc , cuvée Stèle 2013 (rolle, roussane, clairette) floral, citronné, bien présent en bouche sur une finale légèrement amère et fenouil.

- Sur l'entrée : Coin Caché, blanc 2012 (sémillon, roussanne et clairette), sur la vanille, le grillé, des notes florales, du gras et des agrumes en bouche, mais un boisé un peu trop présent à mon goût. Attendre...

- Sur la volaille : Stèle Rouge 2011 (syrah 60% et cabernet sauvignon 40%). Des épices et du poivre, des baies noires mûres, des notes de chocolat noir et d'alcool de fruits, une bouche tannique, une belle longueur; Coin Caché rouge 2011 (grenache 80% et syrah 20%). Des vieilles vignes. Nez très fruité, sur le marc et l'eau de vie, les fruits rouges et le fumé. Boisé plus léger, bouche ample et riche sur les fruits mûrs confiturés.

- Sur l'agneau : Vallon des Amants rouge 2012 (syrah 40% associée au mourvèdre, au carignan et au cabernet sauvignon). Belle harmonie avec le plat. Nez vanillé, légèrement boisé, épicé, bouche très chaude et gourmande, d'une parfaite élégance sudiste... L'Infernal 2011 (cabernet sauvignon et syrah). Quasi confidentiel, huit cents bouteilles. « Seuls les millésimes 2006 et 2011 ont été élus pour concocter cette cuvée » explique Anne. Longue macération de trente jours puis élevage en barriques neuves. Nez très complexe, intense, turbulent, bouche ample, riche en fruits et en alcool, finale sur une fraîcheur mentholée.

Les petites lampées reviennent bientôt...

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