À l'assaut de la génération Coca ...
"Ca ne saoule pas, c'est bon, il y a un créneau pour que les jeunes qui n'aiment pas le vin puissent l'apprécier", estime Frédéric Pasteau, un commercial de Poitiers (centre-ouest) travaillant pour des cavistes, après avoir goûté l'un de ces vins. "Ça fait très diabolo", reconnaît Anne-Sophie Antoine, sommelière chez un chef étoilé de Vendée, jugeant néanmoins, au sortir d'une dégustation de Turbullent, la bulle "élégante" et le vin "sucré mais pas lourd, super pour un dessert à base de fruits rouges ou en apéritif". Au-delà d'une nouvelle clientèle "jeune" recherchée par certains producteurs dans un contexte de baisse de la consommation de vin en France, ces pétillants légers répondent aussi à la "peur du gendarme" des automobilistes. "Les gens qui doivent prendre la route après un apéro ou une réception, un mariage, sont intéressés", assure Jean-Jacques Bonnet, producteur bio de muscadet en Loire-Atlantique, qui sort des coulisses de son stand un blanc pétillant à dix degrés, pas encore baptisé. Et même certains puristes sont séduits, aux dires des vignerons.
"Les soi-disant grands connaisseurs, qui au départ n'en veulent pas car ils considèrent ces vins comme trop ludiques, une fois qu'ils ont goûté, ils reprennent un verre", assure Guillaume Reynouard, vigneron bio près de Saumur, qui a vendu en 2010 quelque 11.000 bouteilles de son Tête à claqueà 9,5% (mélange de Chardonnay, Chenin et de Cabernet franc). La moitié est partie à l'export, au Japon et aux Etats-Unis, assure-t-il.
La démarche "est intéressante, surtout dans le contexte d'élévation des degrés d'alcool des vins", considère un producteur de vin traditionnel, Alain Godeau. "C'est intéressant pour les clients, ils peuvent boire trois verres au lieu de deux", estime Amaury de Jessey, sur le stand du domaine du Closel, près d'Angers, en regrettant toutefois que ce type de vin ne connaisse pas, selon lui, de variations de goût d'une année sur l'autre. "Pour moi, c'est du sirop", renchérit, sceptique, Evelyne de Pontbriand, viticultrice du domaine du Closel.»