Quand Botte est "naturel", Onfray retombe dans l'ivreté...
Dico. Il est petit et consacré aux vins naturels. Il est signé Jean-Charles Botte, sommelier, ancien correspondant de Vin Bio Magazine, rédacteur en chef de www.vinpur.com. On y découvre plus de cent cinquante définitions qui permettront, peut-être, aux béotiens d'apprendre beaucoup de choses et aux autres de réviser... Je l'ai pour tout dire parcouru, comme on le fait en général avec un dictionnaire, et je me suis bien "marré" à la lecture de certaines définitions. Quelques exemples ?
- À vins doux naturels : « Maury et Banuyls ont donné un second souffle au chocolat...»
- À Loire : « Vaste région, tu t'étends de Nantes à Saint-Étienne par des reliefs divers et variés. Tu recèles un nombre de vins que nous ne comptons plus. Rose, rouge clair ou foncé, jaune vert, or ou orangé; tes robes enflamment tes fillettes où le naturel revient au galop. Des nids de vignerons bio vinifiant sans intrant se sont constitués à Angers, Saumur, Blois, Tours, afin d'évoluer et de redorer le blason des vins oubliés du grand public. Tu n'es plus la piquette des vins rouges glacés à boire l'été, mais bien une identité riche élevée au sommet par un panel de vignerons passionnés. Et dire que Bob t'a omis...» Bon...
- À Centre-Loire. « Je n'ai pas le béguin pour cette région. Menetou-Salon, pouilly-fumé, sancerre notamment dorment comme des loirs sur leurs lauriers: certainement les appellations de vins blancs les plus connues des étrangers. Le sancerre rouge à base de pinot noir, servi glacé, joue les passe-partout dans les restaurants. Levures exogènes et désherbants chimiques mènent la danse à la fois dans la vigne et au chai. Comme une maîtresse insaisissable, cette région trouve seulement son chemin de Damas grâce à des vignerons talentueux tels Alexandre Bain (pouilly-fumé), Sébastien Riffault (sancerre) et ... Philippe Gilbert (menetou).» J'entends que ça tousse sur les coteaux en vendanges !
- À érection. « (...) Les vins biologiques ( à la fois à la vigne et en vinification) me font bander. (...) Soirée arrosée de nectar naturel réveille ma masculanité le matin. Bref, au bonheur des dames. Au contraire, il me suffit de boire un verre d'alcool ou de vin trempé dans la chimie et patatras... Mal de crâne soudain et, le lendemain, ma dame n'est pas contente.» Stop, je pisse dans mon froc !
À ne pas manquer également, la préface du livre, présentée sous forme d'un entretien avec Michel Onfray. Le philosophe hédoniste, lui, aime les vins de Loire « pour leur fraîcheur simple et cependant leur capacité à la complexité »; les vins du Jura « pour leur étrangeté et leur incroyable longueur en bouche ». Mais le penseur n'aime pas trop les vins naturels: « Il y a du meilleur et du pire... Je suis hédoniste en la matière et surtout pas idéologue, autrement dit, je n'ai aucune prévenance pour ou contre un vin ou une méthode, s'il me donne du plaisir, je l'aime, sinon, non ...»
Enfin, Michel Onfray revient sur un mot qu'il nous avait déjà servi il y a quelques mois au cours d'un dialogue avec Jean-Paul Kauffman pour le Monde Magazine: « L'alcool n'est pas une voie d'accès à l'ivresse mais à l'ivreté, un joli mot qu'on trouve dans le Littré et qui signifie un mélange d'ivresse et d'ébriété dans lequel on se trouve après avoir bu plus que les deux verres tolérés par la gendarmerie mais moins que la bouteille dans sa totalité ! »
Moi,, ça me saoule, l'ivreté...
( Petit dico des vins naturels. Jean-Charles Botte. Le Courrier du livre. 14,90 euros )