Petites lampées entre amis ...
Bourges. Quatre à table autour de quatre plats et quatre vins ! Pour ouvrir le bal sur une note ensoleillée, vu que notre
paysage ressemble depuis des jours à une toile de Soulages, rondelles de panisse frites dans l'huile d'olive, en duo avec de fines tranches de viande de bœuf séchée, trouvées dans une boutique
italienne. Mise en bouche apéritive sur la Grande Année 2002 rosé de la Maison Bollinger, champagne d'exception, récemment qualifié par un guide comme « l'un des plus grands rosés effervescents
du monde », rien de moins. Magnifique cordon de bulles, nez de cerise, notes d'abricots mûrs, de miel: bouche fraîche et vineuse. Surtout prendre son temps...
Croisière exotique ensuite, avec une salade de haddock cru, mariné dans le citron vert, tranches de mangues, lamelles de fenouil bulbe, pour servir de grand-voile à la Cuvée Jadis du Domaine Henri-Bourgeois à Chavignol, millésime 2004, sancerre opulent au nez complexe, profond, dense et long en bouche, sur de généreuses notes exotiques. Troisième plat, un dos de cabillaud en papillote cuit sur la braise, romarin, thym, filets d'huile d'olive et de citron, proposé avec un joli riz-haricots-rouges, souvenir d'un récent voyage, parfumé d'éclats de citron confit maison...On est passé en Bourgogne, sur le même millésime 2004, avec un pouilly-fuissé Tête de Cru de Château Fuissé, domaine de quelque trente hectares, propriété de la famille Vincent. Un chardonnay cossu, gras, issu de sols argilo-calcaires, qui fit également très bonne figure sur les fromages, comté, morbier, reblochon.
Histoire de terminer avec un rouge, sur une coupe de cerises et de framboises du jardin, rapidement congelées quelques minutes après la récolte, parfumées d'éclats de meringue au caramel, façon crumble ... un haut-médoc 1996 de Château Sociando-Mallet, vin « ni classé, ni bourgeois », comme l'annonce Jean Gautreau, qui se consacre à son domaine de quatre-vingt-quinze hectares avec une passion intact. Élégante robe tulipe noire; nez riche, fruits noirs, réglisse. La bouche est opulente, longue, peut-être au sommet de la plénitude, faut voir... J'avais déjà goûté ce millésime, salué par toutes les sommités du monde du vin, il y a quelques mois, sur une viande rouge et une fricassée de cèpes de Sologne. Il nous a enchanté sur les fruits rouges... et bien après, puisque, zappant café et digestif, on a tout simplement terminé la bouteille devant la cheminée, loin des bruits du monde, en parlant des dernières bouteilles encavées...