Petites lampées de négrette, à Fronton et nulle part ailleurs...
Bourges. On raconte que ce cépage a été rapporté de Chypre par
les Chevaliers de l'Ordre de Jérusalem. Qu'il est apparu au XII ème siècle sous le nom de mavro, qui veut dire noir en grec. On l'appelle d'ailleurs le petit noir ou le
dégoûtant (!) en Charente, la folle noir dans l'île de Ré, où il se fait rare, selon le Dictionnaire encyclopédique des cépages de Pierre Galet (Éditions
Hachette). Il s'agit de la négrette, de la famille des cots, raisin aux grains très noirs, petits et de forme ellipsoïdale, que l'on trouve aujourd'hui exclusivement sur l'Appellation d'origine
contrôlée Fronton où elle doit entrer pour 40% au minimum dans les assemblages. Et du cent pour cent négrette ? Cela existe notamment à Château Bouissel, propriété d'Anne-Marie et Pierre Selle.
Un domaine de dix-huit hectares, en conversion biologique, et des vignes plantées sur la plus haute terrasse du Tarn. Donc, cette cuvée La Négrette, je l'ai ouverte l'autre jour, à l'apéritif -
quelques tranches de jambon cru, du pain grillé, des amandes salées, de la feta - après l'avoir passée quelques minutes au réfrigérateur, la négrette, comme le garignan et la syrah, ne supportant pas d'être bue tiède... D'un
ciel gris tombait une bruine de fin d'orage et nous n'avions plus envie de rosé. On a aimé sa jeunesse, sa fraîcheur, ces arômes de violette et de poivre, sa mâche et sa souplesse, son élégance.
Je crois qu'on aurait pu le carafer, pour que ce 2008 s'exprime encore d'avantage. Comme l'apéro s'est un peu prolongé, on est passé aux choses sérieuses, onglet et courgette spaghetti revenue
dans la poêle. Et on a ouvert cette fois Le Bouissel 2008, un assemblage de négrette (50%), de syrah (25%) et de côt. Les vignerons annoncent une « sélection parcellaire, des vendanges à
maturité optimale, une vinification des cépages séparés, une macération de dix-huit à vingt-cinq jours et un élevage de dix-huit mois en cuve inox et ciment ». Résultat: joli vin ample et
puissant, sur un nez de fruits noirs, des arômes bien épicés, des notes joliment florales, la violette n'étant jamais très loin, et une finale fraîche et savoureuse. (9,30 euros chez les
cavistes). En se séparant, on s'est promis d'aller faire prochainement une balade dans le Frontonnais ...
Les petites lampées reviennent bientôt...