Petites lampées de La Couspaude et autres vins d'Aubert chez Enrico Bernardo..
Paris. Château La Couspaude, Grand Cru Classé, sept hectares* sur le
plateau calcaire de Saint-Émilion, est bien « le fleuron » de Aubert Vignobles. Présente depuis deux siècles dans le
vignoble bordelais, la famille Aubert est par ailleurs propriétaire de huit autres domaines, répartis sur six appellations.
Dégustation l'autre jour de six millésimes de La Couspaude, de 2005 à 2010, précédée par les 2010 de quatre autres domaines, Château Lagrave-Aubert (Côtes de Castillon), Fleur Saint-Antoine (Bordeaux supérieur), Château Jean-le-Gué (Lalande Pommerol) et Château Messile-Aubert (Montagne Saint-Émilion) **. Notre joyeuse petite bande avait rendez-vous au Il Vino ***, un des restaurants du souriant et talentueux Enrico Bernardo, Meilleur Sommelier du Monde 2004.
Sur un filet de thon mariné, fondant à souhait, escorté d'une écume d'empanadilla, le fringant italien avait choisi de servir le 2008 de La Couspaude, au nez un peu viandard. Plein de fruits confits et de notes légèrement fumées, dense, vif et toujours jeune, sur une belle acidité en accord parfait avec les notes de poivron.
Œuf crémeux, lardo di Colonnata, crème de pommes de terre, tombée de truffes blanches d'Alba, les toutes premières, pour le second plat, servi avec les 2006 et 2007, « deux millésimes très complexes, plein de saveurs d'automne », pour Enrico Bernardo. Le 2007, riche, débordant de fruits, rond, parfait sur l'œuf coulant a éclipsé le 2006, encore fermé, rigide, qu'il faudra attendre quelque temps.
Beau mariage ensuite entre le 2009 et la selle d'agneau rôtie (rosée au cœur, croûte croquante), châtaignes et trompettes de la mort. « Un millésime parti pour la gloire ». Dense, équilibré, fondant, généreux, long ... N'en jetez plus ! « C'est l'année qui vaut ça, il n'y avait rien à faire, c'est un millésime de flemmard », commente modestement Héloïse Aubert.
Le 2010, un brin tannique mais plein de fraîcheur, puissant, fougueux et arrogant comme la jeunesse, fit enfin le bonheur d'un vieux parmesan, quarante-deux mois d'affinage, tendre, légèrement salé, sur des notes de fruits secs. On soupçonne Enrico Bernardo d'user de tout son charme pour que lui soit livrée une telle merveille...
Les petites lampées reviennent bientôt...
* Les sept hectares de La Couspaude sont plantés de merlot (75%), de cabernet franc (20%) et de cabernet sauvignon. Sur les conseils de Michel Rolland, les vins sont vinifiés et élevés sur bois.
** Avant le déjeuner nous était donc proposés quatre vins dans le millésime 2010. Mes préférences sont allés au lalande-de-pomerol, Château de Gué, rond, plein de fruit et au montagne-saint-émilion, Château Messile-Aubert, généreux, sur des notes vanillées et boisées, élégantes et fraîches.
*** Il Vino. 13, boulevard de la Tour Maubourg. 75007 Paris.