Petites lampées d'automne autour du boletus, roi de nos forêts
Bourges. Après les huîtres et
le petit blanc de Ré, des parties de pêche à pied, crabes, palourdes, coques; des balades à vélo et quelques coups de soleil, promis, c'est vrai, retour au pays où l'automne pluvieuse s'est
installée. Et savez-vous que cela fait le bonheur des chercheurs de champignons. Les cèpes sont là, plein de cèpes, du bouchon de champagne à la boule de pétanque, des bordeaux, des têtes de
nègre, des pieds rouges... Le boletus se ramasse à la pelle mais ne le dites à personne... Hier matin, ayant rempli mon grand panier, j'ai donc passé deux coups de mobile pour inviter quelques
gourmands amateurs du roi des forêts. Au menu, crème de cèpes, trait d'huile d'olive, tombée de persil plat, copeaux de parmesan, suivie d'une belle et grosse poêlée de petits bordelais; avant
des œufs cassés sur de fines lamelles croquantes de têtes de nègre. Mûres et poires du jardin en dessert. Pour le vin,
j'ai opté d'abord pour un coteaux d'Aix-en-Provence, Château Vignelaure 2006, riche, parfumé, ample et croquant, sur de petites notes d'humus, légèrement épicé par la syrah (25%) assemblée avec
le cabernet sauvignon (70%) et une touche de grenache. Joli vin, vieilli dix-huit mois en petites fûts de chêne français dont un tiers de fûts neufs et deux tiers de un à deux ans, nous dit-on.
Vendanges manuelles, petits rendements. (Dans les 20 euros chez les cavistes). Un mot encore sur ce domaine. Cent hectares dont soixante de vignes, situé au pied de la célèbre
Sainte-Victoire, il est depuis 2007 la propriété de deux collectionneurs d'arts danois, Mette et Bengt Sundstrom, qui en ont confié la conduite à l'œnologue Philippe Bru, ancien directeur
technique de la Cave de Rasteau, dans la vallée du Rhône. Bravo à lui.
Deuxième vin de la soirée, un pessac-léognan, Château de Rouillac 2008, assemblage de cabernet sauvignon ( 57%) et de merlot. Plein de fruits rouges, légères notes de
torréfaction, opulent et généreux, équilibré, il méritait un peu d'aération. Et se montra fort aimable, comme dirait Jacques Puisais, sur les énormes mûres fondantes saupoudrées, avec
délicatesse, d'un peu de sucre à la cannelle. (18 euros par caisse de six). Un mot, là encore, sur ce domaine, ancienne propriété du célèbre baron Haussmann, rachetée il y a quelques années par
l'industriel d'origine espagnole Laurent Cisneros - dans une autre vie, il a aussi joué au foot avec Zizou, zi, zi ! Il s'est installé en 2010, avec sa petite famille, dans la magnifique
chartreuse restaurée, cernée par dix-huit hectares de vignobles d'un seul tenant, dont deux de blanc. Culture raisonnée, vendanges manuelles, élevage en barriques sous le double regard de
Jean-Christophe Barron, l'homme de la vigne, et de l'œnologue Éric Boissenot, l'homme des chais. Devenir une « référence sur le marché », telle est l'ambition du propriétaire de Château de
Rouillac qui affiche sur l'étiquette le symbole du domaine, une rose des vents...
Les petites lampées reviennent bientôt...