Laure Gasparotto, folle à cause du château mission-haut-brion 1955 de ses vingt ans...
Laure Gasparotto. Oui, je suis
persévérant... Et il m'arrive même quelques fois de faire du harcèlement... Pour obtenir des réponses à mon questionnaire des Fous de vin, uniquement. Voilà des mois que j'espérais Laure
Gasparotto. Depuis une rencontre à Paris, quelques semaines avoir lu ses premières rubriques dans M, le magazine, où elle signe, notamment, chaque semaine, un "Banc d'essai" court,
incisif, rafraîchissant. Journaliste, elle collabore également au Monde pour les sujets "vin". Écrivain, elle a déjà publiél le Goût et le pouvoir, avec Jonathan Nossiter et les Vins de Laure, avec Jean-Marie Périer.
Elle vient de mettre un point final à son Atlas des vins de France, avec une préface de l'écrivain Érik Orsena. Voici les réponses de Laure Gasparotto que je remercie
chaleureusement...
- Le déclic ? Le premier verre ? Mon "déclic" ne fut pas mon premier verre. J’ai bu beaucoup dans le verre des parents, avant de découvrir le vaste monde du vin. Mais le jour de mes vingt ans, des amis m’avaient préparé LA bouteille qui allait tout changer de ma vision des choses : un château mission-haut-brion 1955 (heu, précision de coquette : ce n’est pourtant pas mon année de naissance, mais ça devait être à point à ce moment-là). En mettant le nez dans mon verre, des larmes me sont montées aux yeux, tant les arômes étaient riches, profonds, d’une diversité infinie. Un grand voyage commençait…
- Une devise ? Rien n’est jamais acquis.
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Il est vrai que lors de dégustations, où une centaine d’échantillons s’enchaînent, on peut être pris d’un vertige. Pourtant, je ne m’ennuie jamais pendant ces moments privilégiés, où toute une appellation est "photographiée" ainsi devant moi. Chaque vin que je goûte est une rencontre pour laquelle je garde toute ma concentration. Le meilleur souvenir, s’il en faut un, est peut-être celui d’une dégustation de rieslings à Colmar : presque deux cents vins, et jamais une perte d’intérêt pour ce que je découvrais à l’aveugle. C’était vraiment excitant. D’autres appellations n’ont pas cette homogénéité qualitative.
- Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Plusieurs caves souterraines, pas très remplies pourtant, pour séparer les régions. Aucune idée du nombre de mes bouteilles ; pas tant que ça, car je bois et partage beaucoup. Parallèlement, j’achète régulièrement, chez mon caviste préféré, des vins que j’ouvre très vite.
- Les trois coups de cœur du moment ?
. Domaine Gilles Remoriquet, nuits-saint-georges 2009 (rouge) : à 17 euros, ce grand pinot noir m’apporte toute la finesse du terroir de Bourgogne, cette texture de dentelles qui n’agresse jamais et qui sait être généreuse et fruitée tout en élégance.
- Mas Jullien 2007 (rouge), Terrasses du Larzac : la profondeur de ce vin me charme au plus haut point. J’ai rarement ressenti autant d’équilibre, de personnalité, d’harmonie grâce à une matière qui se dépasse totalement. Délicieux aujourd’hui, ce Mas est tellement plus que du vin !
- Le Clos des Treilles, anjou blanc sec 2010, du Domaine Nicolas Réau : j’avoue avoir découvert récemment ce chenin qui m’a enthousiasmée. La texture est pleine de relief, c’est bon, franc, sain, désaltérant, minéral. Un vrai régal.