Des bulles, un angélus, un barolo et autres petites lampées entre fous de vin ...
Bourges. Une table ovale jovialement
dressée. Autour, six fous et folles de vin et de petits plats. Django en fond sonore. Dehors, la pluie et ses claquettes. Côté cuisine, deux plats emblématiques de la maison : du foie gras et un
carpaccio de betteraves rouges crues, huile de noix, vinaigre balsamique de Modène ; côtes de veau épaisses et juteuses, cèpes entiers rôtis et poêlée d'amanites des Césars; chèvres frais du
Berry; gâteau au chocolat et crumble de rhubarbe... Les vins, d'abord servis façon dégustation pour tenter de les découvrir, restent ensuite sur la table pour que chacun se serve et crée ses
propres accords.
D'abord des bulles, pour fêter des retrouvailles, évoquer des voyages, des livres, des films, des amis communs. Gosset brut Grand Millésime 1996, joliment toasté, sur une grande acidité, épices et pomme, manquant peut-être de longueur et de
délicatesse. Puis la Grande Année 2000 de Bolinger, dominée par le pinot noir, ouvert, notes de bonbons au miel,
vineux, complexe, délicieux comme l'étonnement de ma voisine devant son verre. On pourrait en boire toute la nuit.
A table ! Et place aux tests. Pas facile, voire impossible, de reconnaître à l'aveugle un menetou-salon, donc un sauvignon, dans cette Cuvée Pierre-Alexandre 1995 du Domaine de Châtenoy d'Isabelle et Pierre Clément. Aurait du être bu depuis longtemps. Disparues, les notes exotiques, manque de fraîcheur, début d'oxydation. Comme un trait d'union avec le savagnin 2001 du Domaine Overnoy-Crinquand, à Pupillin, dense, sur la noix, le curry, d'une grande tension acide qui laisse la bouche en attente d'un vieux comté.
Avec le plat, deux rouges, au choix. Par lequel commencer? Parions pour le barolo 1999 La Serra de Gianni Voerzio (le frère de Roberto), rapporté d'un voyage dans le Piémont et à Turin. Le nebiollo dans toute sa splendeur. Ample, riche, sur la burlat mûre et un souk d'épices, étonnante matière et longueur soyeuse. Derrière, Angélus 1993, un tout petit millésime dans le Bordelais, un peu fané, sur la décadence, n'était pas à son avantage... La soirée avançant, le menetou revenait en cour, se réveillait lentement. Le jurassien imitait le berrichon, pour s'affirmer davantage. Angélus faisait la joie de Pierre sur le gâteau au chocolat. Le barolo avait été bu avec joie et bonne humeur dans une conversation animée sur l'Italie. Et la Sicile, qui nous attend...
Les petites lampées reviennent plus tard ...