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Aux fous !

Buveur, mangeur, cuisineur, voyageur, randonneur, jardineur, peinturlureur, champignonneur, pêcheur. À mes heures ... 

Je partage ici mes coups de cœur et mes découvertes avec d'autres Fous de vin que j'invite à répondre à mon petit questionnaire. 

Prenez contact.

Alain Fourgeot. 

PS. L'abus d'alcool est dangereux, à consommer avec modération. 

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Publié par Alain Fourgeot

Documents-0808-8x6.jpgActu. Alors que le bio fait chaque jour débat dans la "gloublogsphère", je ne résiste pas à l'envie de publier ici l'interview du Sancerrois Denis Vacheron, réalisée par l'excellent journaliste Guillaume Bellavoine pour le Berry Républicain, le journal du Cher. Denis Vacheron (à droite sur la photo, avec les "cousins" Jean-Laurent et Jean-Dominique Vacheron) , soixante-trois ans, est le président de l’Union viticole sancerroise (1), et le co-propriétaire du Domaine Vacheron, qui applique la biodynamie. Voici le questions-réponses.    

- Le bio est un sujet qui divise les vignerons. Où vous situez-vous ? 

Pour moi, c’est simple. Chacun est libre de faire ce qu’il veut. Faire du bio ne veut pas dire que c’est bon, et utiliser des produits chimiques ne veut pas dire qu’on empoisonne tout le monde. Il ne faut pas rentrer dans ce genre de bagarre stérile. Pour le bio, il faut que ce soit une conviction personnelle. Faire du bio pour faire du fric, ce n’est pas une bonne idée, c’est perdu d’avance. Les gens qui dénigrent l’un ou l’autre sont des gens qui se perdent eux-mêmes.

- Comment êtes-vous passés à la biodynamie ? 

Depuis que je suis installé avec mon frère, en 1966, on n’a jamais utilisé de produits chimiques. L’idée de passer en bio date de 1999. Ce sont les enfants qui sont rentrés dans cette idée-là. Ce n’est pas un projet de vieux, c’est un projet de modernes. La biodynamie est un concept plus élaboré que l’agriculture biologique, où on nous assure simplement qu’on n’a pas utilisé de molécules de synthèse. En biodynamie, on part du postulat qu’on ne peut pas faire de bons produits dans un environnement qui n’est pas sain.

- Un label était nécessaire pour votre domaine ? 

Pas du tout. On ne vend pas un produit bio, on vend avant tout du sancerre. On écrit que le processus de fabrication est biologique et biodynamique uniquement au dos de la bouteille.

- Que pensez-vous de la réglementation européenne sur le vin bio ? 

Il y avait une grosse demande. Je pense qu’il fallait que ce soit fait. Mais tous les gens qui étaient en agriculture biologique sont déjà dans les clous.

- Y-a-t-il une différence de goût entre un vin bio et un autre ? 

Non. Je défie quiconque de faire la différence. Moi qui suis un amateur de vins, je préfère les boire avec un minimum de cochonneries dedans, mais c’est un avis personnel. En revanche, on peut reconnaître un vin trop sulfité, ou pas assez.

- Prenons l’exemple de la lutte contre le mildiou. Les vignerons conventionnels reprochent aux vignerons bio d’utiliser du sulfate de cuivre, qui est selon eux plus néfaste pour les sols que les produits chimiques... 

Ce n’est pas vrai. Le cuivre est un stérilisant des sols. En biodynamie, on n’utilise que des doses minimes, et qu’on ne retrouve pas ensuite dans les nappes. Ce qui n’est pas le cas des produits chimiques.

- Pourquoi y-a-t-il moins de rendement en bio ? 

Pour lutter contre la pourriture des fruits, la seule solution qu’on ait en bio est de baisser les doses d’azote. On n’a pas le droit d’utiliser des produits cryptogamiques. En baissant la dose d’azote, les fruits se conservent mieux, mais on perd du rendement. Dans une année normale, la baisse de rendement peut être de 10 %. Cette année, ça a été compliqué pour tout le monde, on a eu un mauvais temps pendant trop longtemps.

- Avez-vous augmenté vos prix en faisant du bio ? 

Dans mon domaine, on a toujours été sur un créneau qualitatif et des prix hauts, donc on n’a pas augmenté en raison du bio. D’une façon générale, dans le vignoble, cela fait cinq ans qu’on n’a pas augmenté les prix.

- Le vignoble de Sancerre a-t-il intérêt à passer en bio ? 

Le bio, c’est un projet individuel, ça ne peut pas être un projet collectif. Honnêtement, plus mes voisins respectent la chose, plus je suis content parce que je n’ai pas de traitement croisé dans mes vignes, mais ça en reste là. On se bat assez pour avoir plus de liberté pour ne pas nous en imposer nous-mêmes.

 

(1) Jeudi soir, au cours de l'assemblée générale de l'Union viticole de Sancerre, qu'il préside, Denis Vacheron a poussé un de ses coups de gueule dont il a le secret  contre « l'aristocratie administrative qui nous harcèle, totalement déconnectée des réalités du terrain.» S'adressant aux vignerons, Denis Vacheron a notamment lancé: « Pour la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Directe), vous êtes présumés coupables. Vous êtes de la viande à rat, vous finirez au trou.» Le président de l'Union vise notamment les contrôles répétés pour savoir si les vignerons déclarent bien tous leurs salariés pendant les vendanges (qui débutent ce lundi 24 septembre dans le Sancerrois). « Puisque, de toute façon, nous sommes la racaille aux yeux de certains fonctionnaires, mécanisont à outrance la profession (...) bien que cela nous déplaise, il vaut mieux avoir des chômeurs dehors que des procès au cul » a-t-il poursuivi. Et bien ça, c'est fait !

PS. On peut lire l'intégralité du discours de Denis Vacheron sur la page FB de l'Union viticole sanceroise.

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