Blandine Vié, folle à cause d'un rouge, se souvient du blanc Baptistin Caracous...
Blandine Vié. Journaliste, chroniqueuse et auteure, Blandine Vié se définit comme une « gourmande de mets et de mots, mitonnant ses textes autour de la cuisine et s'attachant notamment à la mythologie et à la symbolique culinaires ». Parmi les cent-trente livres que Blandine Vié a signés, le mythique Testicules*, à propos duquel le critique gastonomique Gilles Pudlowski a écrit : « Elle est rigolote, cultivée, culottée, compétente (...) et cet ouvrage-çi, c'est son classique, son livre phare, sa bible bonhomme, son album signature. Bref, amis de la tripe, ce bréviaire est fait pour vous. Toutes la cuisine des balas, criadillas chœsels, rognons blancs, y est décrite par le menu ». Blandine Vié a également raconté les aventures gastronomques de San Antonio dans San Antonio se met à table.** Et ce n'est pas tout ... Depuis bientôt un an, avec son partenaire Patrick de Mari, elle a créé un blog gourmand, culturel et décalé, j'ajouterais passionant, autour du goût, des lettres et des saveurs. Ne manquez pas www.gretagarbure.com. Et les projets ne manquent pas, avec en préparation un recueil de nouvelles où le vin sera omniprésent. Merci, Blandine d'avoir trouvé le temps de répondre à mon questionnaire des Fous de vin. Reste maintenant à convaincre Patrick ...
- Le déclic ? Le premier verre ? Premier souvenir vinique : petite fille, ma mère m’envoyait acheter du vin blanc Baptistin Caracous, à l’épicerie du coin, rue des Épinettes à Paris. Pour la cuisine. À table, on buvait des vins à petits prix mais pas de la piquette. Rien de glorieux mais rien de honteux. Je suis d’un milieu très modeste. Quant au premier déclic : vers vingt-et-un ans. Rouge. Je ne me rappelle plus quoi sauf que le goût des vins tanniques me plaisait. Et qu’à l’époque, je n’aimais pas trop le gamay.
- Une devise ? Deux ! La mienne : " Tant qu’il y a de la Vié, y a de l’espoir !". Et celle de Greta Garbure : " Mets-m’en trop ! ".
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Longtemps, j’ai bu sans chercher à comprendre et sans rien noter. J’aimais ou pas, c’était tout. Puis un jour, j’ai eu envie de savoir pourquoi j’aimais. Ma réponse : parce que le vin est une émotion ! Étant très émotive, j’ai trop de souvenirs pour en distinguer un seul. Mais ce qui est sûr, c’est que le partage fait partie du goût du vin, l’idéal étant pour moi de boire en tête-à-tête. Et puis il me reste tant de vins inconnus à boire que le meilleur est peut-être à venir…
- Cave ou l’armoire à vins ? Combien de bouteilles ? La surface de mon appartement parisien ne me permet ni l’un ni l’autre. Une petite cinquantaine. Des vins à boire et non à thésauriser.
- Les trois coups de cœur du moment ?
• Citer un grand champagne est pour moi une évidence, mais lequel ? Je l’aime tellement et en tant de circonstances différentes ! Peut-être la cuvée Winston Churchill de Pol Roger. Quelle finesse, quelle élégance !
• L’anjou Blanc-Ivoire 2011 du Château de la Soucherie (propriétaire Roger-François Béguinot, vigneron Thierry Boudignon) qui m’a récemment enthousiasmée par sa pureté, sa fraîcheur, son équilibre, sa complexité, sa tension, sa minéralité, sa patine, sa légère amertume (sur le tilleul) en fin de bouche… pour un prix vraiment raisonnable.
• Le minervois Jardin secret 2005 du Domaine de la Tour Boisée (Jean-Louis Poudou) : un rouge comme je les aime, surtout en automne, saison qu’il semble symboliser tant on a en bouche un univers de sous-bois et de champignons. De fruits noirs aussi. Un vin soyeux et d’une grande finesse, parfait avec le gibier (mais pas que). Ça tombe bien, le salmis de palombes, le lièvre à la royale, la tourte de colvert, c’est maintenant !
* Éditions de l'Épure. 28 euros.
** Fleuve Noir. 19 euros.