À Chavignol, petites et grandes lampées chez Gérard Boulay
Chavignol. Vignerons de père en fils depuis 1380,
annonce le panneau ... Un record ? Je savoure les vins de Gérard Boulay depuis des années chez l'ami Philippe - comme l'écrivent les journalistes sportifs de la presse de province - dont la cave
pourrait faire rêver nombre d'amateurs de vin... Mais je ne connaissais pas l'homme, discret, qui se cache derrière ces magnifiques flacons. Lacune comblée il y a quelques jours à
l'occasion d'une visite de Philippe Foreau, un des vignerons emblématiques de Vouvray, qui souhaitait venir déguster les vins du domaine de Chavignol. Rendez-vous était donné dans le nouveau chai
de Gérard Boulay, route de Sancerre, opérationnel depuis les dernières vendanges. Visite guidée suivie d'une dégustation du 2010. Des vins tirés sur cuve ou sur fût de plus de trois vins, tous de
bel équilibre, dont certains distillaient un joli nez iodé de coquilles d'huîtres. Plein d'avenir...« Je cherche à laisser s'exprimer le terroir, rien que le terroir, terres blanches ou
caillottes », explique le vigneron, qui possède aujourd'hui un peu plus de onze hectares dont deux de pinot noir, le reste en sauvignon planté notamment sur une parcelle du Cul de Beaujeu, vigne
très pentue, que l'on aperçoit de la place du village, à gauche du clocher de l'église. À droite, la célèbre côte des Monts Damnés...
Non loin de la place, Gérard Boulay a conservé son caveau, décoré de vieux outils, et d'une grande table en bois.
Poursuite de la dégustation. Clos de Beaujeu 2009, typique d'un millésime solaire avec ces notes d'eau de vie, puis Monts Damnées, dans le même millésime, tout en finesse et en élégance. Clos de
Beaujeu 2008 pour suivre, nez salin et exotique, mangue. Débarque la Cuvée Comtesse 2007, issue de vieilles vignes de soixante-dix ans sur les kimméridgiens de la Côté des Monts Damnés, élevée en
cuves, complexe, un vin de sève. La ronde se poursuit avec Clos de Beaujeu 1999, nez sur la cire d'abeille, superbe. Puis le 1998, « qui fait très chablis, sans aucun signe de fatigue,
qu'on verrait bien sur un tartare marin, couteaux ou Saint-Jacques » lance Philippe Foreau pour mettre l'assemblée en appétit.
Vous pensiez que le sauvignon ne vieillissait pas très bien? Vous n'avez pas goûté Clos de Beaujeu 1995, notes de caramel et de sésame grillé; ni le 1996, au nez de truffe blanche, miel et pain d'épice en bouche. Gérard Boulay ouvrait ensuite le même millésime mais en magnum, vin non filtré, toujours sur la truffe. Avant de passer au pinot noir avec le millésime 2000, rouge très nature, plein de fruits, arômes de violette, vin un peu gazeux, non souffré, élevé à 100% dans du bois neuf, mais il faut le savoir... « L'extase » selon le mot de Philippe Foreau qui lui trouva de « sublimes notes de rose fanée et de pivoine.»
Sur la
grande table en bois étaient déposés foie gras, terrines, jambon de pays, pâté de tête, crottins de Chavignol et autres fromages de la Maison Dubois-Boulay, située à deux pas. On a encore goûté
tous ces flacons en cassant la croûte, en parlant encore et encore de vin, de terroir, de biodynamie, de cépages, de grands souvenirs de dégustation. Dehors il faisait un soleil de plomb. Nous
étions au frais. Un vrai moment de bonheur autour de bouteilles qui laisseront une trace dans nos mémoires. La vie vraie à dit quelqu'un ...
Les petites lampées reviennent bientôt.