Entre les bulles et les rouges, les petits lampées passent à l'orange ...
BOURGES. Commençons non pas par le début mais par le milieu. L'autre soir, à l'heure de l'apéro, la conversation a tourné autour du vin... orange ! Les copains se demandant ce que c'était que ce truc-là, du vin orange ! Quésaco, donc ? C'est un blanc... Un blanc vinifié comme un rouge, avec une macération des peaux du raisin et parfois même de la rafle. La couleur, plus ou moins orange, vient de là. Il est aujourd'hui dans l'air du temps, surtout avec le retour des vinifications en amphores, mais la méthode remonte à des siècles et des siècles, amen... Les sachants prétendent même que cette tradition viendrait du Caucase et il y a bien longtemps que les Italiens en font et en boivent, du orange, depuis des lustres ! Aujourd'hui, de nombreux vignerons français s'y sont mis, dans le Jura, dans la vallée de la Loire, à Sancerre et même dans les Corbières...
Bon, les copains, ça tombe bien, moi avoir vin orange dans la cave ! Vinifié par Chateau de Lastours, une des perles des Corbières maritimes, un domaine de huit-cent-cinquante hectares, dont cent de vignes et d'oliviers... Certifié en agriculture biologique depuis 2020, Lastours produit trois gammes de vins en appellation Corbières, en blanc et rouge et deux languedocs rosés. Et donc aussi, en millésime 2021, un vin de France orange, baptisé l'Optimus de Lastours. Deux mille cinq-cents bouteilles, pas une de plus, vendues au prix de 18 euros.
Qu'en dit le domaine ? « Issue d'une sélection des meilleures roussannes du château, cette cuvée est inspirée de la tradition ancestrale géorgienne des vins blancs de macération. Laquelle participe à la stabilité du vin permettant un recours limité aux sulfites. Après écoulage, le vin est mis en amphore de grès pour être élevé pendant un an. »
Et qu'en dit-on nous autres ? Qu'il n'est pas... orange mais plutôt jaune soutenu. Qu'il ne tape pas forcement violemment dans le nez mais qu'en cherchant bien, en prenant son temps, on trouve de discrètes notes d'agrumes, du fruit confit, des effluves de souk, du bonbon au miel, des épices, qui reviennent en bouche, fraîche mais pas envahissante, enveloppée par de jolis tanins lissés... C'est bon.
A l'heure de l'apéritif, certains ont préféré du champagne. Va pour les bulles et pour ce pinot blanc 2012 de Chassenay d'Arce, que vous pourriez parfaitement servir pendant tout un repas de fête, tant il va être polyvalent ... Si vous suivez ce blog, je ne vous apprendrai rien sur Chassenay d'Arce, un groupement de cent-trente familles vigneronnes exploitant trois-cent-quinze hectares de vignoble étendu sur douze villages de la côte des Bars. Une grosse et belle structure qui propose aujourd'hui, outre ses cuvées traditionnelles, quelques champagnes issus de vignes de pinot noir en agriculture biologique.
Cet extra brut 2012, dosé à trois grammes, est quant à lui issu du pinot blanc, une spécialité de la maison. Bon voilà, pas de mauvaise surprise, la bulle se montre sous son meilleur jour, dans un cordon dynamique qui anime une robe dorée comme un flacon de parfum de Dior, le nez offre une large palette aromatique, des fleurs blanches, du fenouil, des fruits à pépins, de la brioche toastée. Fraîcheur en bouche, sur une légère salinité donnant un grand dynamisme à une finale qui montre beaucoup d'ardeur. Dans les 47 euros.
Tiens voilà du boudin ! Dans l'assiette... Et pourquoi pas un vin chaud avec, enfin chaud, du Sud, soyons raisonnable... Un châteauneuf-du-pape 2020, du Domaine de Barville, vingt-trois hectares, propriété de la Maison Brotte, nous a paru approprié. Comptez près de 40 euros... pour ce châteauneuf, une appellation où est autorisée une foultitude de cépages. Ici les grenaches, élevés en cuves puis en fûts de chêne centenaire pendant un an, ont été assemblés à la syrah et au mourvèdre, élevés en barriques, après des vendanges manuelles. Vingt jours de macération, fermentation alcoolique, assemblage de 40% de vins de réserve de plus de cinq ans... nous dit le domaine. On est dans la générosité sudiste, échappée d'une robe d'un rouge très foncé, et dans les effluves de garrigue, de fruits noirs très mûrs, relevés de notes de marc, d'épices et d'une pointe d'humus. Tout cela se retrouve en bouche dans une jolie caresse et une force de caractère qui imposent le respect ...
- Toujours de la Maison Brotte, on a aussi ouvert, un autre jour et sur des tripes, ce côtes-du-rhône 2021, présenté dans la fameuse fiole, bouteille originale censée représenter « un cep de vieilles vignes de grenache courbées par le mistral », créée en 1952 et devenue l'emblème de la maison. Vin de mâchon, cet assemblage de grenache et de syrah, a été élevé en cuves béton et foudres après une macération de trois semaines. Du fruit, des épices, de légers tanins, un belle vivacité et de légers amers rafraîchissants dans une finale qui peine à dire son dernier mot... Facile à boire et très accessible : moins de six euros, voilà ...
Les petites lampées reviennent bientôt...