Des petits en petites lampées, Petit Clos et Petit-Figeac, après une douceur ...
BOURGES. À l'occasion des soixante-dix ans de l'appellation Vins doux naturel de Rasteau, la cave éponyme a sorti, il y a trois ans, cette cuvée spéciale, proposée dans une bouteille au look un peu rétro, décorée d'une pin-up et d'un message subliminal : « Rouge ou doré, il me plaît ! ». Vin doux naturel ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit d'un vin muté par de l'alcool, sur le même principe que le ratafia. Ça stoppe la fermentation et concentre le sucre. Ce rouge-là, ouvert pour l'apéro plutôt que sur un dessert au chocolat, nous a bien plu, avec sa robe grenat sombre, son nez complexe sur les fruits à noyau, la confiture de vieux garçon, les griottes à l'eau de vie, des pointes de chocolat noir et d'épices douces, sa bouche ample et tapissante, sa gourmande amertume, sa longue finale ... Oui, il faut apprécier le sucre à l'apéritif ! Avec des toasts au fromage persillé, testez ...
Évidemment, derrière, il faut casser le sucre avant de passer à autre chose. Un bouillon léger, genre potage japonais, un dashi parfumé au soja, avec quelques dés de tofu grillé, de la ciboulette ... et vous vous retrouvez avec un palais presque tout neuf. Capable d'apprécier une salade fraîcheur aux éclats de sardines crues accompagnée d'un sauvignon venu de loin, de très loin, de Nouvelle Zélande... Il est signé par le Domaine Henri-Bourgeois, propriétaire depuis le début de ce siècle, dans la région de Marlborough, d'une vaste propriété * baptisée Clos Henri, dominée par une église en bois, reconstitution de celle du Chavignol. Voici donc la cuvée Petit Clos 2015, « certifiée en culture biologique » . Un peu de technique ? Le domaine précise que ce « Petit Clos est issu d'une sélection de plusieurs parcelles reflétant l'élégante combinaison des trois terroirs présents à Clos Henri Vineyard. » Beau vin, qui a séduit la petite tablée réunie ce soir là. Derrière une robe pâle aux légers reflets verts, un nez enjôleur sur les agrumes, le buis discret, la pêche, des notes de fleurs printanières. Belle attaque vive, milieu de bouche rond et ample, sur des notes rappelant discrètement l'asperge verte avec un retour sur les agrumes. Finale longue et droite. Dans les 13 euros chez les cavistes.
En plat, des cuisses de canettes presque confites, longuement revenues sur des oignons rouges un peu sucrés et escortées de flageolets... Pour leur tenir compagnie, un saint-émilion 2013, encore un petit ... Petit-Figeac, le second vin du Premier Grand Cru Classé ! Dont la bouteille est ornée d'une sorte de cachet de cire aux armes de la famille propriétaire depuis des lustres, les Manoncourt. La classe ! Assemblage original pour un saint-émilion, « cabernet franc et cabernet sauvignon à égales proportions, 40%, assemblés au merlot, élevé dix-sept mois en barriques de chêne français dont 20% de barriques neuves », précise le domaine. Et pour le reste ? Un petit bijou, voilà, pour une trentaine d'euros. Derrière une robe scintillante, rubis foncé, reflets d'encre violette, un nez d'une belle puissance, de la réglisse, des fleurs séchées, des épices douces, des baies sauvages, des notes exotiques, du grillé. Attaque franche, retour des fruits en milieu de bouche, tannins souples, fraîcheur digeste, finale fringante et presque gouleyante qui appelle un autre verre...
Les petites lampées reviennent bientôt...
* Ce qu'en dit le propriétaire : « Clos Henri Vineyard est une propriété d’un seul tenant qui s’étend sur cent-dix hectares composée de collines et de terrasses, dont quarante-cinq ont été plantés en quinze ans par la famille ! Le reste est composé d’arbres natifs de Nouvelle-Zélande et de pâturages accueillants les moutons lorsque ceux-ci ne sont pas dans les vignes pour la « tonte ». Le Domaine, qui pratique la biodynamie depuis 2011, est certifié en agriculture biologique depuis 2013...»...