Fou à cause d'un caviste, Jean-Marc Revoil se souvient du Domaine de Montirius...
JEAN-MARC REVOIL. Il a quarante ans, est originaire de la Drôme, habite le Languedoc depuis six ans et son parcours « n'a rien de linéaire ». Deux vies professionnelles à son actif, la première dans le sport, le basket pour être précis, en tant que manager, « la version anglaise, couteau suisse aux multi compétences », entraîneur et arbitre en championnat en France. « Elle m'a permis de réaliser le tour de France des vignobles », annonce-t-il. Et la deuxième en grande distribution tout en réalisant des piges chez deux cavistes. Jean-Marc Revoil a un rêve : ouvrir une cave à vin. Une ambition : deux projets principaux sont en cours de finalisation. Le premier à Grenoble, en tant que caviste. Le second dans le Languedoc, comme consultant. « Mais j'ai encore beaucoup d'idées sous le coude, peut-être vais-je devenir un serial entrepreneur, l'avenir nous le dira » ajoute-t-il. Merci pour ces réponses, Jean-Marc, et bonne chance pour tous ces projets...
- Le déclic ? Le premier verre ? Mes premiers verres ! Un jus au pied du pressoir manuel, à six ans et un peu plus tard, la bernache du paysan, chez les cousins, dans la famille maternelle. Le prélude viendra lors de la visite de la cave coopérative de Tain l'Hermitage en 1978 avec mon école, les odeurs gravées à jamais dans ma mémoire et les images, dans le marbre, d'un dessin d'écolier qui résumait la journée. Le déclic survient en 2000 quand je deviens notamment responsable de la cave à vin dans un supermarché en Isère. Le vin est devenu une évidence pour le simple amateur néophyte autodidacte que je suis encore alors. Le tournant, il s'appelle Frédéric Hérédia*, caviste à Tain, un ami perdu de vue après mon exil ligérien et avec qui je reprends contact en 2010. Après de nombreux échanges, quelques visites au caveau, il me conseille la formation de sommelier–conseil–caviste à l’Université du vin de Suze-la-Rousse. Après deux années de péripéties, je peux enfin m'y inscrire, et la réussir en 2014-2015. Elle m’a permis d'acquérir les notions indispensables pour mieux appréhender et surtout mieux exprimer cette passion.
- Une devise ? "Cuitat nec canceritur" : Pierre Desproges. Un verre à la main, plein, jusqu'à la fin, à partager avec les ami(e)s et la famille, au bar du village ou de l'hôpital étant donné que cela existe aujourd'hui en France.
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Le dernier, c'est un moment, une soirée, que nous avons organisée avec quelques camarades de promotion de Suze-la-Rousse. Il s'agissait d'un repas accords vins–mets autour de plusieurs cuvées du Domaine Montirius. L'idée était de mettre en valeur le vin grâce aux plats. L'autre méthode monopolise trop la pratique en restauration, et l'enseignement. J'aime mettre le vin au cœur de la réflexion et pas uniquement l'utiliser comme un faire valoir. Il y avait :
- pour l'entrée : la Muse Papilles, côtes-du-rhône rosé 2014.
- pour le plat : le Clos, vacqueyras rouge 2009 et Jardin Secret, côtes-du-rhône rouge 2010.
- pour les fromages : Minéral, vacqueyras blanc 2006 et 2013.
- pour le dessert : Terres des Ainés, gigondas rouge 2007.
- Cave ou armoire ? Combien de bouteilles ? Les deux ! La cave n'en est malheureusement plus vraiment une depuis mon déménagement dans le Sud. Les quatre cents bouteilles sont simplement entreposées sur des étagères à vin dans un pièce de la maison. A partir d'une base très quelconque, elle est devenue intéressante avec une sélection plus précise tout en restant modeste. L'armoire c'est le futur investissement indispensable que je voudrais faire à titre personnel.
- Les trois coups de cœur du moment ?
. Clos Romane 2012, rouge de Cairanne, la robe rubis, intense, brillante, des reflets violacés, superbe nez, très fruité, sur le cassis frais. En bouche, c'est un vin bien équilibré qui exprime des notes de fruits noirs, de violette et de réglisse, tout en finesse, des tannins fondus et discrets. Belle finale de fruits noirs.
. Domaine Rousselin, Les Orientales 2011, rouge côtes-du-roussillon, commence par une robe grenat soutenue brillante. Le nez est une explosion de fruits rouges, une belle bouche fraîche, complexe, du poivre noir, des fruits rouges mûrs, du sous-bois et de la réglisse, des olives noires et la garrigue, des fines notes de chocolat , des tanins très doux et soyeux qui caressent le palais, de la puissance subtile, une finale épicée et chocolat avec une certaine vivacité.
. Domaine Belluard, Les Alpes 2010 blanc, vin de Savoie, le cépage rare gringet est l'empreinte digitale du suspect, son adn, un nez très fin, minéral, légèrement fumé, La bouche droite repose sur une belle matière minérale, très fraîche, tendue, avec des notes d'aubépine, de jasmin, des épices, une pincée de fruits secs. Un très beau vin, d'une grande finesse, dépouillé, vif et minéral.
* Frédéric Hérédia est décédé accidentellement en mars 2013.