André Fuster, fou à cause d'un puligny-montrachet de la Mouchère, partage ses Vitinéraires...
ANDRÉ FUSTER. Sur son blog Vitinéraires, il se propose de parler « de vins et de deux ou trois choses plus ou moins périphériques »... Œnologue de formation, « mais sur le tard » et de profession, il dit s'être essentiellement intéressé, au début de sa carrière, « aux côtés applicatif de la microbiologie du vin ». Après avoir été œnologue conseil, dans le Médoc, il travaille aujourd'hui pour une société de produit œnologiques pour laquelle il couvre l'Ouest de la France et s'intéresse, en outre, à divers sujets techniques.
« Le cheminement n'était pas gagné d'avance, explique-t-il. De mon enfance dans les Corbières, je garde en effet le souvenir affreux des "malheureux petits oiseaux " qui faisandaient au bas de la maison de Jean Bérail qui, au Domaine Roque Sestière, avait fait la preuve que l'on peut élaborer de beaux blancs dans les Corbières, ainsi que des vins rouges qu'il voulait à toutes forces me faire boire et qui m'horrifiaient presqu'autant que les "petits oiseaux". Le déclic n'est venu que bien plus tard - à la grande surprise de Jean qui a eu du mal à croire à m reconversion professionnelle ...» Quand on lui demande son autoportrait, André Fuster le fait en double... « Tout d'abord un portrait en négatif pour rassurer qui a pu me croiser virtuellement en l'assurant que je suis en fait bien moins caustique et bien plus consensuel que ce que je m'amuse à montrer sur mon blog ou les réseaux sociaux. Qu'en outre je m'efforce d'être au moins aussi rationnel que possible, même si je revendique la subjectivité pour ce qui concerne le vin comme en bien d'autres sujets, ce n'est donc pas gagné, et, qu'avec le temps, je pense et espère que mon ego devient de moins en moins surdimensionné ». Ajoutant « qu'aucune bouteille n'est en mesure de m'enchanter autant que la musique de Vivaldi, et que je renoncerais volontiers à bien des vins pour savoir jouer du violoncelle ».
- Le déclic ? Le premier verre ? Puligny Montrachet 1er cru, Clos de la Mouchère. Je travaillais alors à Rungis … dans les fruits et légumes. Revenant de quelques jours à présenter des légumes oubliés à l'occasion du premier salon de la gastronomie j'achetais (chez Nicolas !) une bouteille dont le prix m'avait alors semblé quasiment obscène (aujourd'hui j'en rêverais presque …). C'est cette bouteille qui m'a fait comprendre la différence entre pinard et vin, m'intéresser au vin, aux vins, puis à ceux qui les font et, enfin, à comment on les fait. Six ans après cette rencontre j'étais œnologue. Le Clos de la Mouchère, je n'y suis revenu que bien plus tard, sans, bien sûr, y retrouver l'émotion que j'y projetais. Il y a des premières fois sur lesquelles il vaut sans doute mieux éviter de se pencher à nouveau, mais je garde une affection particulière aux 1ers crus de Puligny Montrachet !
- Une devise ? Deux en fait ! Car elles sont complémentaires :
"Je veux être et connaître" (Saint Augustin. Les Confessions) et " Il naquit avec le don du rire, et la certitude que le Monde était fou". (première phrase du Scaramouche de Sabatini).
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Sans doute une soirée champagnes organisée il y a quelque temps déjà, avec une vingtaine d'amis. Chacun était venu avec sa bouteille fétiche, c'était joyeux et bon enfant :presque que des beaux vins avec que des gens que j'aime.
- Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Les deux ! Mais pas au même endroit. Le nombre de bouteilles ? Je n'en sais rien ! Relativement peu en tous cas, car je pense qu'elles ne sont guère plus de deux cents : je stocke peu ... et quand les bouteilles commencent à s'accumuler j'organise une dégustation entre amis.
- Les trois coups de cœur du moment ?
. Un rouge du Médoc : Clos Manou 1850 (2011). Un Merlot préphylloxérique de très belle tenue : après un très beau nez, il y a de la matière, de la profondeur, des tanins de belle facture, et, là dessus, cette étonnante fraîcheur retrouvée sur d'autres vins issus de francs de pied.
. Un liquoreux à Sauternes: Suduiraut (1989). Parce que c'est un vin superbe mais aussi et surtout parce que c'est l'année de naissance de ma fille aînée, qui vient donc de fêter son 25ème anniversaire. Il ne m'en reste malheureusement plus qu'une bouteille …
. Des bulles en Val de Loire : un rosé du Domaine d'Orfeuilles. Un touraine rosé brut, de cabernet, cot et grolleau. Friand et fruité, avec une jolie bulle, ça se boit tout seul ! Et ça se boit d'autant mieux que le prix en est très sage.
* La photo est à mettre au crédit de Neels Castillon.