Les petites lampées entre bulles, vins bios ou pas et vins naturels ...
Bourges. Bon, pendant que la gloublogsphère s'enflamme sur ce qui est nature ou pas, bon ou pas, dégueu ou pas, on boit ... Ces dernières semaines, ON, car le vin se partage, ON a donc ouvert ces quelques flacons...
- Pétillant ! Pour arroser des retrouvailles avec un vieux pote amateur de bulles, on a "démuselet" ce Champagne Lenoble 2006, Grand Cru brut cuvée Gentilhomme. Que du chardonnay de Chouilly, dans la Côte des Blancs et une cuvée prestige, seulement vinifiée dans les grandes années. Bien jolie bouteille, sur un nez de poire et de pêche blanche, voire de noisette rouge, ample et acidulé en bouche, notes d'agrumes et de grillé, à la fois élégant et puissant, dans un registre aérien qui rend la tête légère...
- Costières ! Retrouvailles encore avec l'ami Barzingault, en famille, à la table de Chez Maman, le délicieux salon de thé de Saint-Martin-d'Auxigny... Joli dîner, terrine maison, rôti de porc, farandole de desserts (tarte à la rhubarbe, macaron chocolat, fraises pavlova) et plusieurs vins sympas. Dont la cuvée Originel 2012 de Jean-Luc Pujol, Domaine La Rourede. Un vin naturel, les copains, grenache noir, carignan et syrah, sans sulfites ajoutés, plein de fruits rouges mûrs, simple et léger, gourmand. On en boit ... Puis, avec la viande, la cuvée Armonio 2007, appellation Costières-de-Nîmes. Elle est née, me dit-on, d'une rencontre entre Luc Baudet ( Chateau Mas Neuf ) et Louis Mitjaville, le vigneron de Tertre Roteboeuf ( Saint-Émilion Grand Cru ) et Roc de Cambes (Côtes-de-Bourg). Du grenache (40%), du merlot (30%) et du cabernet, un élevage en bois neuf de deux ans et plus, pour une série limitée à six mille bouteilles. Superbe ! Notes de café, de baies noires mûres, d'humus discret, des pointes minérales, une bouche pleine de promesses, enveloppante, sur des tannins titillants et une fraîcheur qui perdure de plaisir en bouche. Merci maman Évelyne, merci papa Bertrand...
- Bordelais ! L'autre week-end, on a profité des derniers chevreaux, un plat qu'on ne trouve pas que dans le Sud, contrairement à ce pensaient les amis de retour d'une balade à Langon. Non, dans le Berry, le chevreau est aussi au menu du printremps. On l'a cuisiné en morceaux, avec un peu de vin blanc, un pesto d'ail des ours et des pâtes fraîches. Et dégusté derrière une salade "à-la-passard" légumes nouveaux du jardin, artichauds violets, mesclum, petits céleris, bébés betteraves, fenouil et mélisse, le tout arrosé d'une huilette d'olive à la mandarine mélangée à une cuillère de cognac, de vinaigre de riz et d'une autre de Sirop Monin à l'estragon... Pour escorter la bête, deux bordeaux : Château Armens, Saint-Émilion Grand Cru et Château Meyney, Saint-Estèphe. Le premier en 2009 et le second en 2011. Le saint-estèphe, merlot et cabernet sauvignon à parts égales, plus du petit verdot pour 11%, tendre et fruité, encore un peu marqué par l'élevage, offre une jolie palette aromatique, fruits et olives noires, et des tannins pleins de finesse. Le saint-émilion 2009, médaillé d'or au Concours mondial de Bruxelles 2011, majoritairement merlot, associé aux deux cabernets, nez ample et généreux comme un panier de fruits noirs, sur une bouche un brin cerise confite, prêt à boire, a bien résisté au plat sans lui porter d'ombre...
- Nature ! Bon, je devrais vous parler aussi des deux vins italiens, dégustés l'autre semaine à l'issue de l'avant-première du dernier film de Jonathan Nossiter, Résistance naturelle. Dix ans après Mondovino, le cinéaste est cette fois parti en Italie à la rencontre de « quelques résistants, passeurs de vie », producteurs de vin dit "naturel". Synopsis : « Réunis sous le soleil d'Italie, une poignée de vignerons et un directeur de Cinémathèque partagent leur passion du vin et du cinéma ». Ce qui nous vaut de très jolies rencontres, avec un passionnant vigneron du Piémont, Stefano Bellotti, présenté comme le « Pasolini des vignes, poète et rebelle » , deux vigneronnes émiliennes, et deux autres vignerons des Marches et de Toscane. Et ils ne disent pas que des conneries, loin s'en faut. Pour le reste, autant être très cinéphiles, les passionnants discours des vignerons étant entre-coupés d'extraits de films en noir et blanc, qui sont censés être en rapport ... J'ai trouvé ce montage un peu gênant. Mussolini, Chaplin et La ruée vers l'or, du Hitchcock, du Robert Bresson, du Oshima... On se demande ce qu'ils viennent foutre ici. Mais bon, je ne vais discuter plus que ça, fait ce qu'il veut Nossiter. Tout ça pour vous dire que je n'ai pas tout pigé... Pas plus que je n'ai compris les deux vins, vinifiés par des vignerons du film, offerts à la dégustation à la sortie de la salle. A défaut d'en parler, mon initiation aux vins "nature" étant en cours, je vous les offre en photo...
Les petites lampées reviennent bientôt...